20 septembre 2013

Nœud coulant

Auteur : Michaël Trahan
Titre : Nœud Coulant
Éditeur : Le Quartanier
Parution : 2013
Format : 174 pages

Résumé :

L’imagerie hallucinée et onirique de Nœud coulant ne laisse pas indifférent. Malgré une écriture minimaliste, Michaël Trahan construit des labyrinthes glauques, peuplés de visions furtives. Craquement d’allumette, rayon de lune, une seule lueur suffit pour dévoiler la face cachée des choses. Le poète suggère, tel un magicien de l’étrange, nous laissant autonome face à la beauté surréaliste de son œuvre.

Ce que j'ai aimé :

il y a un nœud fixe
sans point d’attache le centre
mouvant du bout du monde
au fond de soi le sable tremble
et la nature grain à grain trace
un nœud dans la voix
où la tête s’enroule


Je redoutais ce côté sombre, cette angoisse, mais ai fini par apprécier l’esthétisme de cette abstraction. L’ensemble se tient dans une unité de couleurs (noir, blanc, rouge) et de formes rondes (œil, lune, visage, puits). Nous y croisons un être tombé au fond d’un trou, un promeneur, quelques chiens hideux, un lapin blanc. J’ai été séduite par ce mystère et le dépouillement magique du texte, étroitement liés à la nébulosité de la psyché humaine :

j’ai beau saisir à deux mains
le masque de ce qui n’existe pas
un visage vient toujours


ou encore

l’œil est un nœud de noir
est un secret enfoui
en pleine lumière


La nature occupe également une place importante et sournoise et demeure toujours en lien direct avec le corps de l’homme. L’auteur explore la rythmique de la marche, le reflet d’une forêt, du ciel étoilé. Cet univers renvoie l’écho de la peur et du silence. L’ambiance musicale ne se teinte que de rares rires solitaires, de cliquetis d’os, éparpillés.

Si je craignais au départ que ce recueil s’enlise dans le désespoir, j’ai été surprise de constater qu’il dépasse largement cette réalité. En donnant le champ libre au lecteur d’interpréter la symbolique, Michaël Trahan réussit, de manière fascinante et exponentielle, à créer un univers cinématographique, qui roulera longtemps en boucle dans la tête.

Extrait favori :

ce qui bruit : une allumette craque
dans le noir un joyau de lumière
seul instant où le temps brûle
un noeud de chaleur juste de quoi
faire coeur

Lu dans le cadre de La recrue du mois


2 commentaires:

  1. L’ambiance musicale ne se teinte que de rares rires solitaires, de cliquetis d’os, éparpillés.

    Que voilà ton style maintenant teinté de poésie ! Ça lui va très bien. Mine de rien, tu me fais lire de la poésie puisque j'avale chaque extrait. Ma figure pointe en haut, reste parfois en point d'interrogation, mon cerveau s'égare, mes émotions me fuient mais je lis.

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    1. C'est une très belle ouverture d'esprit. Merci d'avoir lu et réfléchi à cette résonance, à ce qu'elle fait naître chez toi, car ton expérience est poétique en elle-même :)

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