14 février 2014

Chlore : le chant des fleurs

© Aude Valanthem
J'ai eu un grand coup de coeur pour cette pièce de la jeune compagnie Théâtre du Grand Cheval, écrite et mise en scène par Florence Longpré et Nicolas Michon. Passant du rire aux larmes, j'ai été émerveillée par sa vitalité et sa tendresse sincère.

À l'âge de neuf ans, Sarah a été forcée d'avaler du chlore par deux jeunes garçons de son entourage. Celle qui chantonnait les airs de La mélodie du bonheur, virevoltait et chérissait les fleurs, devient alors muette et lourdement handicapée.

Nous la retrouvons dix ans plus tard, alors qu'elle mène une vie solitaire dans le sous-sol de ses parents. Son quotidien, encore fortement ancré dans l'enfance, sera vivement chamboulé par les visites d'un jeune voisin. Communiquant à l'aide de ses yeux, Sarah tissera une amitié avec cet adolescent, d'abord timide et maladroit, qui deviendra plus volubile. Une petite perle !

J'ai été particulièrement touchée par cette histoire, car elle ressemble à celle de mon grand-père paternel. Lorsqu'il était petit, mon grand-père a eu le tube digestif brûlé par un nettoyant toxique. Cet accident a fortement influencé sa vie et celle de ses proches. Il a vécu entouré d'amour, de précieuses attentions. Cette pièce m'a rappelé comment la différence d'une personne, au-delà de la tristesse, nous apprend la bonté, la compassion et l'humilité. Dans Chlore, les auteurs ont misé sur cette approche qui nous relie à ce qu'il y a de bienveillant en nous.

Loin d'être accablant, Chlore nous offre une mise en scène emplie de légèreté. Trois ballerines, tour à tour accessoiristes ou allégories des rêves de Sarah, ajoutent une touche poétique. Le doux éclairage et les chansons de Mireille Mathieu viennent appuyer cette ambiance légèrement nostalgique, mais heureuse, presque bucolique. Le tout est fluide, bien orchestré, démontrant bien l'aisance de la troupe.

Claude Poissant m'a agréablement surprise dans son rôle de père de famille, très réaliste et constant. Annette Garant m'a fait sourire et m'a attendrie en interprétant la mère. Samuël Côté (le voisin) incarne avec enthousiasme la désinvolture de l'adolescence. Mais, Debbie Lynch-White (Sarah) reste la plus belle découverte. Confinée dans un fauteuil roulant, sans parler ni bouger, elle exprime une vaste gamme d'émotions grâce à des expressions faciales très éloquentes. J'espère que nous la reverrons dans une prochaine production du Théâtre du Grand Cheval, car cette rencontre a été merveilleuse !

© Aude Valanthem

Chlore. Texte et mise en scène de Florence Longpré et Nicolas Michon. Au Théâtre d'Aujourd'hui jusqu'au 15 février 2014.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire