26 avril 2014

Frères

Auteur : David Clerson
Titre : Frères
Éditeur : Héliotrope
Parution : 2013
Format : 152 pages

Résumé :

Les deux frères logent avec leur vieille mère, dans une maison de planche recluse. L'aîné a été amputé du bras gauche et le cadet possède deux membres nains. Entre les ragoûts de chèvre et les tisanes aux algues, leur mère leur raconte des histoires reliées à leur naissance. Elle les prévient du monde extérieur, peuplé de monstres. 

Malgré tout, dans des élans fougueux, les deux gamins cherchent des coquillages au bord des marais et explorent les collines. Puis, à l'orée de l'adolescence, un questionnement survient au sujet de leur père. Ils partiront vers la mer, en quête de cet homme à la tête de chien. L'ailleurs, fertile en événements étranges, se déploiera en un voyage au long cours, en une ultime rencontre avec soi-même. Allez, hop !

Ce que j'ai aimé :

Pour son premier roman, David Clerson a remporté le Grand prix littéraire Archambault, soulignant le talent d'un auteur québécois de la relève. Il le mérite amplement, car il a su créer un mélange réussi entre le récit d'aventure et le conte, tout en s'éloignant des règles génériques. Contrairement à Ulysse qui revient à Ithaque, il n'y aura pas de grand retour du héros maritime. L'aventure s'intériorise, sans éduquer, sans livrer une morale de la connaissance, entre Bien et Mal.

Comme lecteur, on se retrouve d'abord plongé dans un milieu grouillant et organique. Les curiosités biologiques, faunes et flores marines, nous entourent. On goûte à la liberté, au rire cristallin de l'enfance. Même si elle n'est pas située, on s'imagine très bien cette maison au coeur de la Bretagne. On la perçoit dans une ambiance mousseuse et verte, balayée par les crachins, empreinte d'une odeur salée et poisseuse. Cela semble représenter la stagnation du monde avant leur départ, cette peur du lointain qui les englue en périphérie.

Dans leur périple, ils devront faire preuve de débrouillardise. Les deux frères construiront une embarcation pour affronter l'océan. L'aîné sera capturé par une famille aux allures porcines et tranformé en chien. Chez Clerson, les combats sont amalgamés, les instincts vifs, brouillant la frontière entre l'homme et la bête. La fraternité se veut fusionnelle, tandis que l'émancipation reste sauvage. Mon seul bémol provient des répétitions de certaines expressions, qui sont venues briser le rythme de ma lecture. Il s'agit toutefois d'un menu détail, car ce premier roman inventif laisse entrevoir un très bel avenir littéraire !

Extrait favori :

« C'était des enfants minces, au corps élancé, avec de longs cheveux mêlés de sel et la peau dorée par le soleil, qui aimaient rire de leurs dents cariées ; des enfants de pêcheurs qui passaient leurs journées dans les plaines et les collines pendant que leurs pères étaient partis en mer. Les deux frères ne les aimaient pas, mais persistaient à leur rendre visite, peut-être pour affronter leur vision du monde, ou poussés par une curiosité un peu malsaine, mêlée de dégoût. »

2 commentaires:

  1. J'ai très envie de le lire! Il m'est passé entre les mains récemment et je ne savais pas trop quoi en penser. Ce qui ressort de ton billet me donne envie!

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    1. Je trouve que David Clerson a développé un imaginaire très intéressant dans ce premier bouquin. J'espère que tu aimeras son petit côté chimérique autant que moi ! :)

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