19 novembre 2014

Notre duplex

Auteur : Éléonore Létourneau
Titre : Notre duplex
Éditeur : XYZ, Quai no 5
Parution : 2014
Format : 143 pages

Résumé :

Plusieurs romans de cette rentrée littéraire nous révèlent des femmes à la croisée des chemins, que l’on pense à B.E.C. de Suzanne Myre, Dagaz de Stéphanie Pelletier ou Notre duplex d’Éléonore Létourneau. Fait intéressant pour ce dernier, l’auteure situe son récit quelques mois après la fin des événements du « Printemps érable » de 2012, reliant la morosité politique aux états d’âme de sa protagoniste. Comment un contexte social dans lequel le débat a été avorté et les idéaux ont laissé place au statu quo peut-il se refléter en littérature, dans un roman intimiste ? Comment rejoint-il la remise en question de l’héroïne ?

Ce que j'ai aimé :

La première chose que l’on constate en ouvrant ce livre, c’est que Véronique ne va pas bien. Depuis sept ans, elle tente de réaliser son film Ce qui nous manque, mais essuie plusieurs refus. Elle se retrouve au chômage. En revanche, le premier long métrage de son amie Marie, une réalisatrice avec qui elle a fait l’acquisition d’un duplex, récolte tous les honneurs. Devant cette impasse, Véronique décide de partir s’installer à Paris pour un mois, espérant y retrouver un second souffle. Le scénario semble simple, mais il va bien au-delà de l’histoire personnelle d’une trentenaire égarée. Oeuvrant dans le milieu du cinéma québécois, Éléonore Létourneau signe un premier roman livrant en quelque sorte un hommage discret au cinéaste Gilles Groulx, à la musique de John Coltrane, à l’authenticité de l’art et à la beauté des hasards.

« Tu devrais voir ça, c’est un film majeur du cinéma québécois. C’est un film majeur tout court. Sur les désillusions de la vingtaine. Qui trace un parallèle entre les questionnements du personnage principal et la confusion identitaire québécoise. »

Véronique réfère ici au film Le chat dans le sac de Gilles Groulx, cité également en exergue du bouquin. Je vous conseille son visionnement après la lecture de Notre duplex, pour saisir comment le septième art investit la fiction. Plusieurs parallèles peuvent être tracés entre les deux œuvres : lumière grise, douce mélancolie, introspection, refus de la futilité, attention à l’actualité. Pour toutes ces qualités, ainsi que pour son écriture fluide et ses tournures de phrases intéressantes, j’ai parcouru ce roman d’un seul trait. Je me suis laissé emporter par son ambiance pluvieuse et suave, par ce portrait d’une génération qui se cherche. Cette première incursion chez Quai no 5 m’a fait découvrir une nouvelle voix emplie de finesse.

Extrait favori :

« Je me rappelai cette époque fabuleuse où j'avais des projets et l'idée de changer un peu les choses. Mais même en fouillant mes souvenirs, je ne retrouvais plus la fièvre de ces jours-là. J'avais pourtant bien frappé sur des casseroles et partagé l'exaltation du printemps avec des voisins que je ne connaissais pas jusqu'alors et à qui je n'avais plus adressé la parole depuis. Aux yeux des autres, nous avions obtenu gain de cause, mais le système se maintenait toujours dans la plus parfaite inertie. »

Lu dans le cadre de La recrue du mois


2 commentaires:

  1. Je l'ai lu la semaine dernière et je viens d'écrire un billet à propos de Notre duplex. J'ai bien aimé ce petit bouquin ! J'ai aimé les réflexions et les questionnements du personnage de même que l'ambiance générale.

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    1. C'est chouette d'avoir cette lecture en commun ! J'ai grandement apprécié ce roman pour les mêmes raisons que toi :)

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