12 février 2015

La Princesse de Clèves

Auteur : Madame de Lafayette
Titre : La Princesse de Clèves
Éditeur : Gallimard
Parution : 1678
Format : 288 pages

Résumé :

Le roman se déroule à la cour du roi Henri II, sur l'espace d'une année (1558-1559). Nous sommes dans un milieu où de nobles gens sont occupés par leurs intérêts et ambitions, où « l'amour était toujours mêlé aux affaires et les affaires à l'amour ». À l'âge de 16 ans, Mlle de Chartres y fait son entrée. Elle rencontre le prince de Clèves lors d'une visite chez le joaillier. Le jeune homme est séduit par sa beauté, tandis qu'elle ressent plutôt de l'estime. Un mariage est néanmoins conclu, s'appuyant sur le sens du devoir et du mérite.

À l'occasion d'un bal, Mme de Clèves accorde une danse au duc de Nemours. Le coup de foudre est fulgurant et mutuel. Tous deux tentent de cacher leurs inclinations en public. Afin d'éviter la présence de M. de Nemours, la princesse s'éloigne de la Cour en se retirant à la campagne. Peu après, elle avoue son penchant pour un autre homme à son mari, qui en meurt de jalousie. Face à ce nouveau statut, lui offrant plus de liberté, la veuve choisit d'honorer la mémoire de son époux en trouvant le « repos » dans un couvent où elle laissera « des exemples de vertu inimitables ».

Ce que j'ai aimé :

Cet ouvrage publié au XVIIe siècle m'a fait découvrir un roman d'amour appartenant au courant littéraire du classicisme. À l'âge classique, la réserve et la retenue s'imposent. Cela se reflète dans le comportement discret de M. de Nemours : « Il prit une conduite si sage et s'observa avec tant de soin que personne ne le soupçonna d'être amoureux de Mme de Clèves ». La princesse suit les mêmes principes : « Elle évitait la présence et les yeux de M. de Nemours avec tant de soin », « quelle rigueur honnête et modeste elle avait toujours eue pour lui, quoiqu'elle l'aimât ». Le sentiment amoureux doit être réprimé, ce qui conduira finalement l'héroïne à y renoncer totalement et à se cloîtrer dans le mutisme.

Madame de Lafayette nous livre une confession féminine, emplie de pudeur et de sincérité. Elle rompt avec le maniérisme et le baroque, où les tournures de phrases élaborées balayaient les émotions au second plan. Tandis que plusieurs oeuvres du courant précieux sont tombées dans l'oubli, La Princesse de Clèves demeure toujours lisible, car elle utilise un ton qui sonne vrai, exprimant la poésie du coeur plutôt que de l'esprit. En ce sens, elle renoue avec la beauté antique des romans grecs. Grâce à ces accents d'authenticité, je me suis attachée aux personnages et à leurs conflits intérieurs comme s'ils existaient vraiment. J'ai écouté leurs hésitations entre la raison et la passion. Je me suis régalée des secrets et des intrigues de la Cour. J'avais entendu bien du mal de ce livre, mais je l'ai trouvé, somme toute, très intéressant !

Extrait favori :

« On ne peut exprimer ce que sentit M. de Nemours dans ce moment. Voir au milieu de la nuit, dans le plus beau lieu du monde, une personne qu'il adorait, la voir sans qu'elle sût qu'il la voyait, et la voir tout occupée de choses qui avaient du rapport à lui et à la passion qu'elle lui cachait, c'est ce qui n'a jamais été goûté ni imaginé par nul autre amant. »

Lu dans le cadre du Challenge amoureux


8 commentaires:

  1. En consultant mon blog, je m'aperçois que je l'ai lu il y a quasiment un an jour pour jour ! J'en garde un excellent souvenir. D'une part parce que ce fut une bonne surprise (la rumeur nous dit tellement que le livre est ennuyeux tandis que pas du tout!) et d'autre part parce qu'il est d'une grande richesse, notamment quant au point de vue particulièrement pessimiste qui est livré du sentiment amoureux.
    Tiens, voici le lien de mon billet si tu veux aller voir ce que j'en avais pensé sur le vif : http://lapetitemarchandedeprose.hautetfort.com/archive/2014/02/01/la-princesse-de-cleves-de-madame-de-lafayette-5287312.html
    Pleins de bisouxx !

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    1. Je viens de lire ton avis et je crois qu'on se rejoint dans notre appréciation. L'image qui me vient en tête : une marmite remplie d'eau bouillante sur laquelle on a placé un couvercle. L'aveu de Mme de Clèves, c'est un peu comme l'eau qui déborde. Il y a une certaine naïveté, mais aussi une sincérité dans son geste, qui contraste avec les fourberies de la Cour. En effet, la vision de l'amour est assez pessimiste dans ce roman, car il ne semble pas exister dans des relations stables. Je suis ravie de pouvoir en discuter avec toi, même si un an sépare nos deux billets :)

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  2. Roman qu'on m'a conseillé depuis des lunes et des lunes et que je n'ai encore lu. Un jour peut-être ou sûrement? Je ne sais encore.

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    1. Je crois que tu te laisses souvent guider par ton intuition dans tes choix de lecture, alors tu sauras trouver le moment qui te convient pour le lire. Pour ma part, j'ai bien aimé le mélange d'éléments historiques et d'amour. J'ai dû m'adapter au style, mais j'ai trouvé cela passionnant par la suite !

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  3. Une fois démêlée dans les titres et les noms, j'ai adoré! Quelle belle plume!

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    1. Oh oui, c'est ardu au début ! Wikipédia m'a été très utile pour faire des liens entre les personnages, car certains ont vraiment existé. J'ai avancé à petits pas, mais cela a valu la peine :)

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  4. J'ai un assez mauvais souvenir. Nous avions juste quelques extraits de scènes de rencontres où le tout se passait à travers le regard de deux personnages et un scène de ce livre était présenté pour notre oral pour le BAC de français. J'avais bien étudié tous les autres livres et thèmes mais j'avais peu accordé de crédit à celui-ci car je n'avais pas aimé l'étude qu'on en avait fait... je suis sortie avec 12/20 et j'ai été frustrée. Du coup, je ne me suis jamais décidée à lire le roman en entier ... sûrement une erreur et j'essaierai d'y remédier un jour !

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    1. Je crois que tu n'es pas la seule. Plusieurs étudiants gardent un mauvais souvenir de ce roman. Il n'était pas au programme de mon école, mais j'avais entendu bien des horreurs à son sujet. J'ai l'impression que cela peut être lié à la façon dont l'oeuvre est présentée en classe. Tu me diras si tu lui accordes une deuxième chance :)

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